Año 2016. urtea
28
TRABAJOS DE
ARQUEOLOGÍA
NAVARRA
separata
Le site minier antique
de Mehatze
Gilles Parent, Audrey Duren, Fanny Larre
Sumario / Aurkibidea
Trabajos de Arqueología Navarra
Año 2016. urtea - 28
INFORMES
La villa romana de El Villar de Ablitas. Campaña de 2015
Juan José Bienes Calvo, Óscar Sola Torres
7
Campaña de excavación de 2015 en la villa romana de Piecordero I (Cascante):
la cella vinaria
Marta Gómara Miramón
15
Real Fábrica de Municiones de Eugi
Ana Carmen Sánchez Delgado, Luis Francisco Labé Valenzuela
21
El yacimiento prehistórico de San Gil VI (Larraga)
M.ª Rosario Mateo Pérez, Alexandre Duró Cazorla
27
Prospección en las sierras de Urbasa, Andia y Aralar. Campaña 2015
Ezpilleta Elkartea
41
Resultados del seguimiento en la ladera norte del
Cerro del Romero (Cascante, Navarra)
Marta Gómara Miramón, Begoña Serrano Arnáez,
Ángel Santos Horneros, Óscar Bonilla Santander
51
ARTÍCULOS
Pompelo y el siglo III, pautas singulares de consumo cerámico a través del
contexto estratigráfico hallado en el edificio n.º 47 de la calle Estafeta
Carlos Zuza Astiz, Nicolás Zuazúa Wegener,
María García-Barberena Unzu, Mercedes Unzu Urmeneta
73
Nuevas instalaciones vitico-oleícolas de época romana en Navarra.
Las villas de Mosquera I (Falces) y Egido (Cortes)
M.ª Rosario Mateo Pérez, Javier Nuin Cabello, Alexandre Duró Cazorla
99
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ISSN-e: 2530-5816
Sumario / Aurkibidea
Análisis funcional de las puntas de flecha de los contextos sepulcrales de los
monumentos megalíticos de Aizibita, Charracadía y Morea
(valle del Salado, Navarra)
María Amparo Laborda Martínez
115
Le site minier antique de Mehatze
Gilles Parent, Audrey Duren, Fanny Larre
157
Estudio interdisciplinar del macizo kárstico de Alkerdi:
rasgos geológicos, evolución kárstica y contenido arqueopaleontológico
Irantzu Álvarez, Víctor Abendaño, Arantza Aranburu, Martin Arriolabengoa,
Arantxa Bodego, José Ignacio Calvo, Diego Garate Maidagan, Ekhine García-García,
Arturo Hermoso de Mendoza, Fernando Ibarra, Eneko Iriarte, Jaime Legarrea,
197
Jesús Tapia Sagarna, Miren del Val, Juantxo Agirre Mauleon
Santa María de Zamartze: investigación en la necrópolis medieval
y la mansio romana de Aracaeli
Francisco J. Valle de Tarazaga, Emma J. Bonthorne
233
Aproximación al paisaje urbano del yacimiento arqueológico de
Santa Criz (Eslava)
Rosa María Armendáriz Aznar, María Pilar Sáez de Albéniz Arregui
245
NOTICIAS
Noticia del hallazgo de la Calzada del Arga
Javier Nuin Cabello, M.ª Rosario Mateo Pérez, Alexandre Duró Cazorla
289
Pueblo Viejo (Caparroso)
María García-Barberena Unzu, Nicolás Zuazúa Wegener, Carlos Zuza Astiz
299
Una pieza taurobólica en Gallipienzo (Navarra)
María Pilar Sáez de Albéniz, Rosa María Armendáriz
305
Evidencias arqueológicas del bloqueo de Pamplona (1873-1874)
Nicolás Zuazúa Wegener, Carlos Zuza Astiz, María García-Barberena Unzu
309
Idazlanak aurkezteko arauak / Normas para la presentación de originales
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Le site minier antique de
Mehatze
Gilles Parent
EuskoArkeologia
Audrey Duren
Doctorante, Université de Pau et des Pays de l’Adour
Fanny Larre
Archéologue, Assistante d’étude (petit mobilier – Antiquité)
Hadès – Bureau d’investigations archéologiques
LOCALISATION
Le site minier de Mehatze se trouve au sud-est du village de Banca, sur l’interluve étroit
séparant la Nive d’Arnéguy à l’est, du ruisseau de Hayra, en vallée des Aldudes à l’ouest.
Ici, la crête domine ces deux cours d’eau de près de mille mètres. La frontière, qui longe
la ligne de partage des eaux, prend en écharpe le ilon et répartit ainsi les travaux entre les
territoires des communes de Banca et de Valcarlos/Luzaide. Les vestiges s’échelonnent de
1120 à 1205 mètres d’altitude, sur la pente de la culmination Argaray qui s’élève immédiatement au nord du col de Mehatze. Cette ligne de crête, vouée au pâturage, est battue
par les vents qui forment de fréquentes congères après les chutes de neige hivernales.
APERçU GéOLOGIqUE ET MéTALLOGéNIqUE
Les formations géologiques du col de Mehatze participent à la structure du massif des
Aldudes, sans que leur genèse corresponde toutefois à la période dévonienne, la plus représentée dans cette unité structurale, mais à celle de l’Ordovicien, appartenant comme la
précédente à l’ère primaire. Les quartzites et schistes ordoviciens constituent les terrains
encaissants des ilons polymétalliques qui en ont injecté les nombreuses fractures, où les
associations systématiques de sidérite et chalcopyrite recèlent assez souvent des cuivres gris
argentifères1. Ces faits sont observables dans toute la contrée, là où afleurent ces terrains :
1 C. Gapillou, 1981.
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dans les parties nord et sud-est de la vallée de Baïgorry, en Valcarlos, ainsi qu’en haute vallée d’Aezkoa, dans son extrémité nord-ouest. Si le minerai de fer domine ordinairement,
certaines concentrations de sulfures cuivreux ont été à l’origine de notables exploitations,
comme celles de Banca en vallée de Baïgorry, ou de Txangoa en vallée d’Aezkoa2.
LE CONTExTE HISTORIqUE
Ces hauts pâturages auraient été utilisés depuis des temps reculés, puisque Jacques
Blot datait de la in de l’âge du bronze les cromlechs situés au premier col que l’on trouve
500 mètres vers le sud et auquel certaines cartes ont aussi donné le nom de Mehatze3.
La découverte d’une hache polie au col d’Ehunzaroy, à environ 1,5 km au nord, ferait
remonter au néolithique les premières fréquentations des hauteurs de Banca, à condition
d’admettre que cet objet y ait été apporté à cette époque4. Les premières activités minières et métallurgiques locales, pourraient être attribuées au iiie millénaire avant J.-C,
si l’on en croit l’interprétation d’indices décelés dans une tourbière de la haute vallée5.
Le cheminement qui parcourt la ligne de crête, n’a-t-il eu d’autre rôle que celui d’un
simple chemin de transhumance, ou doit-on y voir une variante, mineure, à l’itinéraire
passant par Orisson pour rejoindre la plaine de Burguete, au départ de la dépression
de Cize ou de la vallée de Baïgorry, cette fois via le col de Lindus ? La faible largeur
du sentier de contournement de la culmination d’Argaray ne semble pas, en tous cas,
autoriser le passage de charrois6.
Si l’on se reporte à l’époque antique, on ne peut ignorer la relative proximité entre
les travaux de Mehatze et d’une part les exploitations minières d’Urepel et de Banca,
d’autre part la voie romaine du bas du Valcarlos récemment identiiée7. Enin, les recherches récentes menées dans la région tendent à révéler une prospection systématique
des ilons dès le début de la présence romaine8.
Alors que la création de forges en Valcarlos, à partir de la in du xive siècle9, notamment à l’endroit du hameau actuel de Gainekoleta, doit s’intégrer à notre rélexion, les
sources écrites concernant la recherche des non ferreux demeurent en revanche rares
pour le Moyen-âge. La quête de ces métaux, notamment l’argent, a pourtant eu lieu en
2 G. Parent; J. Errazkin, 2006.
3 J. Blot ; C. Raballand, 1995.
4 P. Marticorena, 2012.
5 D. Galop et al., 2001.
6 Ce sentier rejoindrait, au col d’Ehunzaroy, un chemin reliant Valcaros à Banca, selon Jean Sermet qui invoquait la convention de démarcation de 1858. J. Sermet, 1983, p. 115.
7 J. Agirre Mauleon et al., 2015.
8 A. Beyrie, 2003 et G. Parent, 2010.
9 E. Goyeneche, 1966.
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Navarre comme dans une grande partie de l’Europe, puisque des spécialistes italiens
puis allemands sont mandatés au xive siècle10. Ces derniers auraient poussé une prospection, dont on sait peu de chose, jusqu’en Ultra-puertos, car ils furent signalés à Hosta11.
Le territoire de l’actuelle commune de Banca (qui ne sera fondée qu’après la révolution
française), se trouvait dans l’emprise du Pays Quint ou Montes de Alduides, contrée
alors exploitée en indivision par les vallées de Baïgorry et d’Erro, et plus tard disputée
aussi par Roncevaux, le Baztán et le Valcarlos12. La démarcation précise entre vallée de
Baïgorry et Valcarlos, correspondant à l’actuelle frontière qui recoupe le site de Mehatze,
aurait été déinie en 1406. Elle départageait alors les territoires de la sixième merindad,
ou de Ultra Puertos, et de la cinquième merindad à laquelle appartenait le Valcarlos13.
Bien qu’aucun document du xviiie siècle n’évoque de façon certaine le ilon de Mehatze, il est pourtant dificile d’imaginer qu’il pût échapper à la vaste prospection minière dirigée dans la décennie 1730 par le Suisse Beugnière de la Tour : centrée autour
de sa première fonderie de cuivre édiiée à côté du château d’Etxauz à Saint- tienne-deBaïgorry, elle s’étendit jusqu’en Labourd et Soule. quoiqu’il en soit, le Valcarlos avait
été évalué puisqu’en 1780 la mine de cuivre d’Ondarolle, commune frontalière du Valcarlos, était exploitée par la compagnie parisienne qui avait racheté la fonderie de Banca
créée 35 ans auparavant par Beugnière.
Enin, dans un précédent écrit, nous avions étudié la possibilité d’une prise en considération des travaux de Mehatze par les inspecteurs mandatés en 1784 par la Couronne
d’Espagne, lors du recensement des ressources minérales de la future grande forge d’armement prévue à Orbaiceta14.
DESCRIPTION DU SITE
Les travaux miniers sont identiiables par trois aspects : tout d’abord l’afleurement du
ilon, encadré par deux strates de quartzites redressées formant saillies dans le versant,
elles-mêmes bordées d’amples cordons de haldes, ou déblais miniers (ig. 1 et 2). Sur ces
rejets stériles, le pâturage ne s’est jamais pleinement reconstitué. L’activité extractive
est encore révélée par les sortes de terrils ou amoncellements de stériles jetés dans la
pente dont ils troublent la régularité. La plupart se manifestent en versant bas-navarrais et correspondent aux exutoires des ouvrages d’assistance ou travers-banc, galeries
ouvertes à distance du ilon et dirigées vers celui-ci. Un ensemble de terrasses étagées,
toutes en territoire navarrais, constituent enin la troisième caractéristique du site.
10 I. Mugeta Moreno, 2005.
11 AGN, Sección de Comptos, Documentos, Cajón n° 69, 18, 9.
12 J. Sermet, 1983, p. 203.
13 Ibid, p. 100.
14 G. Parent; J. Errazkin, 2006, p. 125.
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Figure 1. Vue générale du site depuis le col de Mehatze.
Les ouvrages sur le filon
Les travaux sur le ilon suivent son afleurement sur un dénivelé total de plus de 90
mètres et sur une distance de 215 mètres. En partant du bas, on trouve d’abord une entrée de travaux, dissimulée par une barre rocheuse, à la base de laquelle elle s’ouvre, et
dominée par le chemin de transhumance. Il s’agit d’un travail « en grotte », pénétrable
seulement sur quelques mètres et obstrué par des remblais.
Plus haut, à la cote 1141, s’ouvrent d’autres travaux du même ordre, en extrémité nord
d’une grande terrasse sur laquelle nous reviendrons. Au-dessus, sur une distance de 75
mètres, les travaux se poursuivent de manière apparemment plus confuse : deux barres
rocheuses subparallèles émergent d’une longue dépression bordée par deux larges bourrelets de haldes. Elles plongent à 55° vers le sud-ouest. De larges coulées de carbonate
de cuivre sont visibles en deux endroits, sous le surplomb de la barre nord-est.
Si cette barre limite dans la même direction les travaux, la seconde barre, qui émerge
en surplomb près de la clôture frontière et s’ennoie dans la descente vers le sud-est au
cœur des ouvrages miniers, semble s’effacer pour réapparaître sous la forme d’un abrupt
entre les cotes 1158 et 1149. Elle sépare les ouvrages en deux catégories : ceux dont les
oriices se trouvent sous son intrados, et les autres, ponctués par des dépressions situées
contre son extrados. La question que cet ordonnancement apparent pose est celle-ci : le
ilon se compose-t-il de deux couches encadrant la strate de quartzite centrale, ou bien
les dépressions de l’extrados correspondent-elles à des accès en puits à des niveaux plus
profonds ? Cette dernière hypothèse se heurte à la contrainte de traverser la barre de
quartzite. Enin, cette pluralité des accès répond-t-elle à un besoin technique ou bien à
des concessions multiples ?
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Figure 2.
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En amont de cette série de travaux, immédiatement de l’autre côté de la clôture frontière, se trouve une dépression de plusieurs mètres de profondeur, évoquant les fameux
pingen selon la terminologie alsacienne désignant les oriices effondrés et colmatés des
vieux puits.
Il faut parcourir 30 mètres vers le nord-ouest pour atteindre, à la cote 1186, les travaux suivants. Il s’agit d’un départ en descenderie sous une strate plongeant à l’ouestsud-ouest (cette barre est orientée NNW-SSE, donc différemment des précédentes). La
descenderie est obstruée par des blocs à quelques mètres de profondeur. Cet oriice
pourrait être le passage du courant d’air ressenti dans le réseau souterrain.
Nous débouchons quelques mètres plus haut sur une sorte de plate-forme d’environ
300 m², défoncée par quatre dépressions (ou pingen) disposées curieusement « en carré ». Faut-il là encore y reconnaître, à travers cette disposition couplée, une exploitation
sur deux couches minéralisées séparées par un banc de quartzites ? En tous cas, la
topographie souterraine, comme nous le verrons plus loin, indique ici la présence d’une
colonne minéralisée plus riche.
Enin, plus haut, à la cote 1205, se trouvent les derniers ouvrages sur le ilon. Au bout
d’une dépression allongée, vestige de la tranchée d’accès encombrée de gros blocs et
dalles de quartzites (1 m à 1,50 m), un oriice en soupirail donne accès à une chambre
basse et déclive d’une dizaine de mètres, au sol encombré de blocs et au toit régulier.
Ce chantier, qui semble bien suivre l’inclinaison d’une strate, plonge plein nord, donc
dans une direction très différente de celles des afleurements de quartzites précédents et
montre ainsi la complexité structurale du lieu.
Les ouvrages d’assistance
Il s’agit ici de galeries (peut-être parfois de descenderies ?) percées à l’écart du ilon
ain de l’atteindre directement en un point donné et à une certaine profondeur. En
partant du col, le premier terril qui vient troubler la pente régulière du versant, correspond à l’entrée du travers banc que nous avons rouvert en 2012 (S7). Cette galerie
a été initiée dans un niveau du versant dont la pente s’accentue avant de s’adoucir : en
partant du haut, elle s’inléchit insensiblement moins de 10 m au-dessus de l’entrée,
puis s’adoucit ensuite très clairement pour se raccorder enin au col. Nous reviendrons
sur cette inlexion inluant sans doute la position de l’entrée du travers-banc dans le
chapitre traitant des travaux souterrains. quoiqu’il en soit, cette coniguration de la
surface, avec son adoucissement sensible de la pente au-dessous de l’exutoire, a freiné
l’étalement des haldes sur la pente et a favorisé la concentration des dépôts en un cône
très identiiable.
Plus haut, aux cotes 1171 et 1181, se trouvent deux autres oriices colmatés d’ouvrage
d’assistance. Le premier, actuellement surmonté d’une cabane de chasse abandonnée,
a généré un modeste terril : ce n’est certes pas le produit de son propre creusement qui
aurait pu engendrer de volumineux déblais, car on l’imagine très court, si l’on suppose
cependant qu’il ile perpendiculairement vers le ilon.
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Pourtant, le second, à la cote 1181, qu’on imaginerait lui aussi très court si l’on considère qu’il vise la proche colonne minéralisée où sont concentrés les pingen, a produit un
volume de déblais considérable qui montre qu’on a extrait beaucoup plus de matériaux
stériles par cet oriice. La pente dominant la plate-forme formée par ces ouvrages paraît
faible pour qu’on ait pu ouvrir un travers-banc sans provoquer une tranchée importante
dont la coniguration actuelle du terrain ne semble pas évoquer la présence. Aussi est-il
permis d’imaginer un départ en descenderie à cet endroit.
Côté navarrais, en Valcarlos, nous n’avons identiié qu’un seul ouvrage d’assistance :
on trouve à la cote 1146 une dépression en forme de petit cirque dans la pente. Une observation plus attentive permet de constater une légère plate-forme (empruntée par un
chemin), mais surtout un bombement en aval, dans le versant qui devient ici très raide.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle cet oriice est resté discret, par l’absence de terril
dont les matériaux ont dévalé la pente.
Les terrasses
Les terrasses se répartissent le long de la pente, versant navarrais, entre les cotes 1133
(soit le niveau du col) et 1152 m. Il y a quatre, voire cinq terrasses, selon que l’on subdivise ou non la terrasse supérieure en deux parties de niveaux différents. Les terrasses
sont étagées à des intervalles irréguliers, variant de 2 à 6 mètres. Elles sont orientées du
nord-est au sud-ouest et leurs surfaces vont de 35 à 390 m².
La grande terrasse est percée d’une fosse très marquée, aux bords francs, près de son
extrémité nord-est. Cette grande terrasse aurait occupé une position stratégique. Située
au pied des principaux travaux (ceux pratiqués directement dans le ilon), elle est desservie par les deux travers-bancs les plus bas : respectivement celui situé sensiblement à la
même altitude au nord de la terrasse et le travers-banc inférieur côté bas-navarrais, un
peu plus haut à l’ouest-sud-ouest. Deux sentiers relient ces trois éléments.
Structure du réseau minier reconnu
L’afleurement du ilon prend en écharpe la ligne de crête et remonte le long d’une
culmination. Le ilon plonge vers le sud-sud-ouest de 50 à 60 degrés par rapport à
l’horizontale. La galerie en travers-banc, longue de 85 mètres, vient le recouper avec un
angle en plan d’environ 45°. La jonction se situe 45 mètres sous le niveau de l’afleurement du ilon, où se trouve une concentration de travaux en surface.
Dans le travers-banc, à une vingtaine de mètres avant la jonction, une galerie inclinée grossièrement perpendiculaire descend vers l’est-nord-est selon une inclinaison de
près de 20°, à la rencontre du ilon. Elle cesse cependant au terme de 24 mètres, dans
une strate de quartzite, peut-être celle qui encadre au sud-ouest la minéralisation. Un
chantier se trouve à la rencontre du travers-banc et du ilon. Il est surtout exploité vers
le bas, mais un puits, ouvert à son sommet, communique avec deux niveaux supérieurs
d’exploitation. Le courant d’air qui parcourt le réseau, très sensible en été, est vraisemblablement lié à une communication haute avec la surface, sans doute les travaux du
sondage S2.
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La plus grande longueur du réseau reconnu correspond donc à un ouvrage d’assistance, c’est-à-dire à un travers-banc visant une colonne minéralisée, et à une galerie de
recherche en descenderie, soit une longueur totale de 110 m. Les chantiers totaliseraient
quant à eux une soixantaine de mètres, en incluant les portions verticales.
Alors que l’on pouvait imaginer que la grande galerie se dirige au plus court vers le
ilon, c’est-à-dire vers le nord, elle ile au contraire vers le nord-ouest pour aller à la
rencontre d’un secteur vraisemblablement plus riche. Le creusement d’un travers-banc,
travail sans produit immédiat donc à rentabilité différée, répond à plusieurs attentes :
– aérer les chantiers en canalisant le courant d’air créé par la différence de niveau entre son oriice et les ouvertures dans le ilon
– écouler les eaux d’iniltration
– attaquer la minéralisation par en dessous et par des travaux remontants
– extraire les matières avec plus de facilité.
Le drainage exige que la galerie soit creusée en légère pente positive de l’entrée
vers le fond. D’autre part, si l’on veut atteindre la minéralisation sous la plus grande
hauteur possible de ilon vierge, bien en dessous des travaux exécutés depuis le haut,
ain d’abattre le plus de minerai possible par des ouvrages remontants, il faut que
la galerie soit ouverte à l’extérieur le plus bas possible, dans le respect de ces deux
contraintes. Or il semblerait que la galerie n’ait pas été amorcée sufisamment bas
dans le versant : si elle est conforme à un bon drainage durant ses 50 premiers mètres
où elle monte très régulièrement à 2%, elle accuse ensuite un proil globalement descendant, accentué par deux rampes successives (ig. 3). On a ainsi gagné cinq mètres
de hauteur de ilon à exploiter, mais au risque de ne pouvoir évacuer d’éventuelles
eaux d’iniltration.
Figure 3.
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L’inlexion très localisée de la pente du versant, qui rend le percement d’une ouverture
de galerie horizontale plus commode, a pu déterminer le niveau apparemment trop haut
auquel la galerie a été commencée. Cinq mètres plus bas, la pente du versant qui s’adoucit sensiblement, eut obligé à creuser une entrée en descenderie sur quelques mètres ain
de pénétrer rapidement dans de la roche comprimée par une relative profondeur.
quoiqu’il en soit, les mineurs avaient acquis à un moment donné la certitude qu’ils
n’auraient pas à drainer d’écoulement. Nous avons pu en effet constater qu’aucune laisse
d’eau ne se forme dans la mine, même après la fonte des neiges (dont les congères parviennent à colmater totalement le couloir d’entrée), hormis une simple laque au bas de
la descenderie.
DESCRIPTION DéTAILLéE DU RéSEAU
Les galeries
Dans la zone d’entrée, la roche schisteuse s’est effritée car peu comprimée du fait de
la proximité de la surface. Il en résulte l’élévation de la voûte ainsi que celle du sol par
accumulation. Seule une portion de voûte subsiste, en forme de pendant, au toit de la
galerie, à deux mètres de l’entrée. Le sol rocheux, qui a été trouvé cette année dans la
fouille extérieure, conirme la position originelle plus basse de la galerie. Elle montre
une section grossièrement circulaire durant les premières dizaines de mètres, car elle a
atteint son proil d’équilibre par l’effritement de ses parois dont résultent les deux talus
bordant chaque côté de la galerie. La voûte en revanche est bien conservée au-delà des
douze premiers mètres.
La forme d’origine apparaît peu à peu, c’est à dire une section de forme rectangulaire
verticale, avec raccords à la voûte arrondis, et parties inférieures des parois qui se resserrent légèrement. Cette forme se maintient parfaitement au-delà de la première rampe
descendante équipée de marches rudimentaires taillées.
Au-delà des 50 premiers mètres altérés, apparaissent de nombreuses niches à lampes.
Dans l’une d’elle, les vestiges de ce qui devait être une lampe en fer ont été trouvés en
2012 (P12). L’interprétation de ces vestiges reste néanmoins à déterminer avec certitude.
Sur la gauche, vers l’est-nord-est, s’enfonce la descenderie, de hauteur plus modeste,
elle aussi équipée de nombreuses marches grossières. Son front de taille semble buter sur
une strate de quartzites.
En continuant le parcours de la galerie principale, on doit descendre une nouvelle
rampe cette fois-ci équipée de marches « en réservation » dans le remblai, avec moulages des bois disparus qui formaient les contremarches. Ce remblai semble se relayer
avec celui d’un ouvrage descendant qui rencontre le ilon incliné quelques mètres plus
bas. Ce secteur, obstrué par des stériles provenant des niveaux supérieurs d’exploitation,
communiquait sans aucun doute avec un second niveau de chantier exploré en 2014.
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Photo 1. Galerie en travers-banc, au carrefour avec la descenderie. Photo B. Mazière, G. Parent, S. Planès, J-B.
Feillou.
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Photo 2. Marches grossières taillées dans le sol de la descenderie. Photo B. Mazière, G. Parent.
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Photo 3. Vue partielle du chantier inférieur. Photo B. Mazière, G. Parent, S. Planès, J-B. Feillou.
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Photo 4. Remontée du puits de 5 mètres reliant les chantiers inférieur et supérieur. Photo E. Kammenthaler, G.
Parent.
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Les chantiers ou les ouvrages souterrains dans le filon
Le travers-banc débouche dans le premier chantier, à son sommet. À l’origine, la galerie continuait, légèrement descendante, pour vraisemblablement atteindre le diverticule situé à l’extrême nord du chantier (cote 1145). C’est dans la paroi ouest originelle
de la galerie qu’a été ouvert le soupirail donnant vers le puits de cinq mètres réalisant
la jonction avec le chantier supérieur. Le sens de creusement de ce puits reste à déinir
par de plus ines observations, mais l’endroit n’est pas très sûr… On peut imaginer
que l’urgence fut la jonction entre les travaux supérieurs et le travers-banc, ain de les
aérer.
Le bas du chantier est encombré d’un amoncellement de stériles qui obstruent un
accès potentiel à un prolongement, voire un chantier inférieur (cote 1134,5). En paroi
ouest, une encoche de lampe contient un objet métallique complètement déformé par
les leurs de rouille.
La remontée du puits de jonction permet d’accéder aux chantiers supérieurs. Le puits
est légèrement incliné, comporte un redan à mi-hauteur et sa section est grossièrement
rectangulaire. Il débouche au bas d’un plan incliné très raide jonché de stériles, comportant d’assez gros blocs dangereux. Vers le nord-ouest, part une galerie de six mètres
comportant de longues traces d’outil verticales. Le ilon a été identiié au plafond de la
galerie : large ici de 2 cm seulement, nous avons cru y reconnaître une minéralisation
en cuivres gris ou tétraédrite, c’est-à-dire un sulfure cuivreux complexe tenant argent.
Cette hypothèse doit être conirmée par un géologue.
En face de cette courte galerie, part vers le sud-est un chantier long de 15 à 20 mètres.
Ses premiers mètres sont en jonction avec le plan incliné supérieur dont il a reçu une
grande masse de stériles. Le décor est particulièrement austère, assez difforme et chaotique. quelques chambres d’exploitation se succèdent, l’une d’elle comportant en hauteur les restes d’un ancien niveau établi sur un boisage disparu. Cette coniguration
illustre l’usage de la technique des chantiers remontants.
Le plan incliné qui domine la bouche du puits, est jonché de blocs, certains se trouvant coincés dans les épontes du ilon et formant un pont dans la partie supérieure. La
largeur moyenne apparente du plan incliné est de trois mètres, mais il s’évasait en fait
bien davantage, au moins sur cinq mètres au départ, comme l’indiquent les éboulis du
réseau sud-est, et peut-être bien plus dans la même direction à son sommet. Un soupirail
obstrué, part en effet vers le sud-ouest à l’altitude 1158 m. Ce soupirail détermine, avec
l’amorce de galerie creusée dans la direction opposée, un nouvel étage d’exploitation.
Au-delà, vers le haut, ce qui semble être un nouveau puits de jonction est encombré de
gros blocs, formant une trémie dangereuse au travers de laquelle nous n’avons pas tenté
de nous insinuer.
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Le site minier antique de Mehatze
LES RECHERCHES
Peut-être doit-on à l’ingénieur des mines Georges Vié les premières mentions des travaux miniers de Mehatze, bien qu’il les rapprochât de l’Adarza, sommet calcaire s’élevant sur la crête, un peu plus de 3 km au nord15. Ce n’est qu’en 2002 que nous inventorions le site et en dressons un premier plan succinct.
Les sondages sur le filon
Initiée en 2006, puis reprise à partir de 2012, une série de sondages a été tentée le
long de l’afleurement du ilon, dans l’espoir d’obtenir une datation de l’activité que nous
pensons la plus ancienne, voire originelle… Mais le caractère couramment stérile des
couches de déblais, que nous ne traversons d’ailleurs pas toujours, et qui sans doute colmatent parfois des travaux profonds, limite le recueil d’informations. Nous exhumons
malgré tout un beau charbon de bois, daté du xiie siècle après J.-C. par le radiocarbone,
dans un sondage ouvert dans un travail « en grotte », mais issu d’une couche dont la
genèse « minière » demeure encore incertaine.
Les informations recueillies dans la mine
A la in de la saison 2012, nous nous décidons à ouvrir, à l’aide d’une mini-pelle mécanique, la galerie qui a alimenté la plate-forme de haldes située le plus bas parmi les
ouvrages d’assistance. Le choix de cet oriice était guidé par la relative facilité de son
ouverture, davantage que par sa position topographique, qui risquait de nous donner
accès aux ouvrages les moins anciens.
Au terme de cette opération, nous accédons au réseau précédemment décrit. Des tessons de lampes du ier siècle après J.-C. sont découverts sur le sol de la galerie ainsi que
quatre mystérieux objets en fer très déformés par l’oxydation, dont trois dans des encoches de lampes. Cependant, l’analyse dendrochronologique d’un vestige de poteau de
soutènement, en place à quelques mètres de l’entrée, à l’intérieur, révèle un abattage de
l’arbre vers 1742 ou quelques années plus tard. Des prélèvements de charbons, ainsi que
sur une pièce de bois, sont réalisés dans la mine, dans la galerie en travers-banc et au
fond de la galerie borgne en descenderie : ces datations paraissent un peu décalées par
rapport aux lampes car deux sur trois sont antérieures au ier siècle ap. J.-C.
Le chantier inférieur a été initié en perforant le sol de la galerie. Ce chantier était à
l’origine sufisamment étroit, près du débouché actuel de la galerie, pour que les mineurs
y aient aménagé une sorte d’escalier fait de rondins bloqués transversalement dans des encoches. Les encoches en question s’échelonnent selon un alignement incliné, en paroi ouest.
15 G. Vié, 1984, p. 365 : « Pic d’Adarça […] Près des crêtes, vieux travaux miniers, ou vestiges d’accès dificiles ». A-t-il mal interprété les vieilles cartes d’Etat Major, et situé les travaux de Mehatze sur les lancs de
l’Adarza, à l’époque de ses recherches, antérieures de 30 ans à la publication de ses notes ?
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Sur la paroi opposée, aucune encoche n’est présente puisque cette paroi a reculé suite
aux abattages et qu’elle est devenue ainsi trop éloignée pour que soit conservé ce type
d’aménagement. Le remplacement de cette « échelle de meunier », au cours de l’exploitation ancienne, par un autre mode de franchissement, est conirmé par les vestiges
d’échelle mobile qui jonchent le sol du ressaut de quatre mètres. Nous avions considéré
cette échelle comme un vestige de la visite de la décennie 1740 (attestée par la dendrochronologie du tronçon de poteau dans la zone d’entrée). Or, une datation de ces vestiges par le radiocarbone l’attribue au Ier siècle de notre ère.
Un sondage pratiqué dans un diverticule du chantier, a permit d’exhumer d’autres
vestiges d’objets métalliques, formant de petites coupelles, ainsi que de prélever des
fragments de charbons datés de la in du ier siècle avant J.-C.
Une topographie à grande échelle est réalisée à l’aide d’un théodolite avec report direct
sur papier millimétré pour améliorer le rendu inal du dessin. Les nombreuses encoches
de lampe sont à cette occasion relevées : elles sont omniprésentes dans les galeries, excepté dans les 50 premiers mètres du travers-banc, à cause de la dégradation des parois,
et plus rares dans les chantiers.
La fouille de la zone d’entrée
L’ouverture pratiquée à l’aide d’une pelle mécanique a été réduite à la seule possibilité
de pénétrer accroupis, et ne concerna qu’une partie de la largeur de la tranchée rocheuse
creusée par les mineurs. Nous avons pu ainsi conserver, dans la berme est, le témoin
des couches traversées. Dans une seconde phase, la tranchée a été prolongée vers le sud,
sans descendre plus bas dans les niveaux archéologiques, ain d’avoir une continuité de
la coupe sur toute la largeur de la plateforme de déblais. La fouille a été réalisée sur les
sept premiers mètres de la tranchée. Une dizaine de niveaux de circulation principaux
ont été reconnus et dégagés durant plusieurs campagnes de fouille réparties sur quatre
années.
Figure 4.
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Le site minier antique de Mehatze
Figure 5.
Nous atteignons en 2015 ce qui semble être le premier ou l’un des tout premiers niveaux de circulation reposant sur le sol rocheux. Au cours de la fouille, une quarantaine
de prélèvements ont été effectués, la plupart concernant du charbon de bois et des fragments très altérés de céramique, plus rarement des tessons, ainsi que deux échantillons
de bois et deux fragments d’objets métalliques.
La stratigraphie montre la coniguration générale suivante sur une épaisseur de déblais miniers qui varie de 1,20 m environ à 1,50 m : on rencontre une partie supérieure
sombre (série US310), chargée en éléments oxydés ou rubéiés ainsi que des éclats de
quartz et de l’hématite (matériel issu du ilon ou des quartzites abattus à l’aide du feu).
Suit une partie inférieure centrale plus claire, composée des horizons US313, 314 et 315,
peu différenciés, où les schistes sont davantage représentés, et qui s’amenuise en allant
vers le sud. Elle surmonte un dernier ensemble formé par US316, 317 et 318, identiques
à la série supérieure US310. Deux datations par le radiocarbone ont été réalisées dans
ces deux ensembles, avec conirmation du ier siècle dans US317, et curieusement un résultat un peu décalé (iie siècle av. J.-C.) dans la couche supérieure US310c16.
16 Notons qu’un décalage identique est apparu sur du charbon prélevé dans la descenderie, ouvrage qu’il est
dificile d’interpréter comme « pré-romain » au vu de sa situation dans le réseau et de sa typologie.
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Photo 5. Vue de la fouille de la tranchée d’entrée de la galerie (S7) en 2015.
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Le site minier antique de Mehatze
Photo 6. Dégagement du sol antique originel, dans la fouille de la tranchée d’entrée de la galerie (S7).
Les interfaces entre ces niveaux sont généralement assez indurés à très indurés et ont
constitué des niveaux de circulation principaux. Au sein même des unités stratigraphiques, existent aussi d’autres niveaux de circulation, parfois multiples.
Le matériel céramique a été trouvé pour l’essentiel dans les séries supérieures et inférieures ; il est quasiment absent de la partie centrale (US313, 314 et 315). Des pièces de
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bois à demi calcinées, ainsi que des empreintes de boisages tombés et disparus par pourrissement, sont présentes dans les niveaux 315, 316 et 317, réparties sur les premiers mètres
à partir de l’entrée, ainsi que dans le niveau inférieur US 318, à sept mètres de l’entrée.
Au-delà des cinq premiers mètres, vient s’intercaler dans les déblais miniers un niveau
noir très compact US304. Il recouvre partiellement l’ensemble des séries précédemment
évoquées, mais se trouve lui-même recouvert par deux couches que nous avons assimilées à des déblais miniers : US602 et US603. La partie supérieure d’US602 a été différenciée en US602a par la présence, dans cette lentille, de plaquettes d’abattage par le
feu, où un charbon a récemment donné une datation du xIIIe siècle (n°3 sur la coupe),
conirmée par une seconde datation (n°4). La couche noire US304 s’achève vers le sud
pour laisser venir en contact les horizons US310c et US603.
Les coupes des séries traversées montrent presque toujours la même alternance : une
partie supérieure peu épaisse et très indurée, de couleur ocre claire, formant le niveau
de circulation et reposant sur un niveau plus aéré composé d’éléments en provenance
de la mine et montrant des traces de circulation d’eau. Le proil transversal de certains
sols est en forme d’auge, particulièrement accentuée lorsqu’on s’éloigne de l’entrée. Ces
épaississements latéraux concernent surtout le niveau supérieur induré de ces séries.
Interprétation de la stratigraphie
quatre années de fouille ont permis d’observer l’évolution de la zone d’entrée après
chaque hiver : d’une part la rétention d’eau sur les sols rendus imperméables par leur
tassement et par leur position en contrebas de la terrasse de déblais. La forme de cette
terrasse, en demi-entonnoir très évasé, provoque la convergence des ruissellements vers
la tranchée d’accès à la galerie. Nous avons d’autre part constaté la formation d’accumulations latérales par lessivage des parois de la tranchée, ainsi que le dépôt noirâtre,
formé par les matériaux issus du premier niveau très sombre, sous le sol végétal, et dont
les éléments sont concentrés par le ruissellement dans les dépressions.
Nous ne trouvons d’autre explication à la superposition des niveaux de circulation,
provoquant un rehaussement de plus d’un mètre et alimenté par accumulation de matériaux issus de la mine, qu’à travers un apport cyclique volontaire, par les mineurs, ain
de s’affranchir de l’inondation du couloir d’entrée. Les séries supérieures et inférieures
sont formées de matériaux provenant de l’abattage dans le ilon, tandis que la série centrale est issue d’un fonçage dans les schistes, ou morts terrains, peut être la descenderie.
Les deux datations obtenues par le radiocarbone sous le niveau noirâtre US304,
montrent des écarts importants entre la plus ancienne (iie siècle av. J.-C.) à la plus récente (ier siècle ap. J .-C.), cette dernière davantage en adéquation avec la céramique.
En ce qui concerne le niveau US304, il demeure dificile d’afirmer qu’il s’agit d’un
niveau correspondant à une longue période d’abandon. Sa disparition met en contact,
vers le sud, des couches de déblais miniers qu’il séparait auparavant.
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Le site minier antique de Mehatze
Enin, les deux datations médiévales, obtenues au-dessus de ce niveau, posent le problème de leur proximité avec la surface du sol actuel et l’éventualité de pollutions.
Les sondages sur les terrasses
L’ouverture des premiers sondages, sur la plus grande des terrasses, a précédé la prospection magnétique réalisée l’année suivante. Ces deux premiers sondages « à l’aveugle »
ont cependant apporté des informations : des niveaux de circulation sont découverts
dans l’un d’eux (S8), dès 15 cm de profondeur, ainsi qu’une structure de combustion en
forme d’auge, contenant des tessons de céramiques antiques. Le second sondage (S9),
dévoile un sol très charbonneux, où une datation par le radiocarbone nous renvoie au
ier siècle avant J.-C.
La prospection magnétique a été réalisée sur les quatre terrasses, ainsi que sur une
partie du col. Aucune grande anomalie pouvant révéler une aire d’activité sidérurgique
n’est apparue.
La plupart des anomalies sont observées sur la grande terrasse, avec une concentration dans la partie centrale légèrement en relief.
Un nouveau sondage, ouvert sur l’une de ces anomalies, livre à 15 cm de profondeur et
sous un horizon très charbonneux, un lot important de petits tessons de céramique, en
regard de la surface modeste d’un mètre carré et demi. Des éclats de verre in sont aussi
découverts dans le même niveau. Celui-ci recouvre une série de couches peu épaisses,
alternant sols indurés et colorés par les oxydations de fer, avec des niveaux argileux ou
charbonneux, jusqu’au terrain naturel rencontré à 0,55m de profondeur. Le moulage
d’une pièce de bois grossièrement équarrie est révélé : longue d’au moins 1,30 m et d’une
section de 10 x 15 cm environ, cette pièce de bois se trouvait en position horizontale,
orientée selon la longueur de la terrasse. Son empreinte afleure dans les premiers sols
indurés.
Ce sondage semble mettre en évidence une zone de préparation du minerai qu’indiqueraient les sols particulièrement oxydés, ainsi que le bombement du secteur, évoquant
un apport de matériaux. La pièce de bois pouvait être une sorte de panne sablière pour
un abri ou pour une structure supportant un crible.
Deux derniers sondages ont été enin ouverts en 2016 sur la plus haute des terrasses, où la prospection magnétique semblait avoir décelé des structures. L’un des
sondages a révélé la présence de scories, mais qui seraient des scories de forge (réparation d’outils)17.
17 A. Beyrie, communication orale.
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Photo 7. Reconstitution de la tranchée d’origine d’accès à la galerie en travers banc. Photo B. Mazière.
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éTUDE DU MOBILIER CéRAMIqUE
Les campagnes de fouilles qui se sont déroulées sur le site minier de Mehatze à Banca entre 2013 et 2016 ont permis de mettre au jour 136 tessons de céramiques soit un
nombre minimum d’individus18 de 3319 (ig. 6) mais également 5 fragments de verre
pour un individu 20. Le matériel mis au jour est exclusivement antique, il est issu du
réseau souterrain, la descenderie et la galerie principale, ainsi que de la fouille de la
zone d’entrée de cette galerie (S7), et de deux sondages sur la grande terrasse (S8 et
S12). L’état de conservation des tessons est très médiocre : les fragments sont friables,
empêchant tout dessin. Le mobilier céramique peut être rangé en deux catégories : la
céramique domestique – lampe, céramique non-tournée, céramique commune, présigillée – et les conteneurs – les amphores. A travers l’étude de la céramique et du verre, nous
avons essayé de préciser la provenance et la datation.
Figure 6.
Critères de comptage
Le comptage est réalisé dans le but de déterminer la production et la typologie de
chacune des céramiques et du verre retrouvés sur le site par un simple examen visuel
18 Le nombre moyen d’individus est calculé par catégorie, après recollage, et correspond à une estimation
quant au nombre de récipients qui ont réellement existé.
19 Laubenheimer, 1998, p. 85-92.
20 On utilise la même méthode que pour le comptage de la céramique.
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de la pâte et des formes, selon la méthode21 utilisée par F. Laubenheimer22. La méthode
adoptée pour obtenir le nombre moyen d’individus23 – NMI – consiste, d’une part, à
compter dans chaque unité stratigraphique les tessons de formes (lèvres, pieds et anses)
appartenant à des individus différents, et à en déduire le nombre moyen d’individus en
fonction des caractéristiques du récipient, et d’autre part à compter un individu pour
chaque type d’amphores pour lesquelles on ne trouve que des fragments de paroi.
La céramique domestique
Les céramiques communes
La céramique commune est une production constituée de 21 tessons pour 6 individus
(Tableau 1) que l’on découvre dans le sondage S7 – us 310b/c, et US316 –, la galerie
en descenderie et la tranchée berme ouest. Nous retrouvons trois sortes de pâtes : pâte
claire, pâte orange avec des paillettes micacées et des grains de calcaire. Nous n’avons
pu aller plus loin dans l’analyse typologique des récipients parmi la céramique commune en raison de tesson très fragmentaires et de l’absence de tesson de forme.
La céramique non tournée
Parmi la céramique non tournée, nous avons 4 tessons de céramique issus du sondage
S8 dont un bord. La pâte de couleur orange à la surface et gris bleuté sur sa face interne
présente de petites vacuoles. Le dégraissant minéral est constitué de grains de calcaire
très dispersés. L’un de ces fragments présente un décor peigné très altérée. Nous n’avons
pu en déduire d’avantage d’information qu’une simple description visuelle.
Les présigillées
Le site de Mehatze nous offre des fragments de présigllées mis au jour lors de la
campagne de 2015 dans la tranchée S 7 – us 316 - et dans le sondage 12 de la grande
terrasse – us 103, us 105,us 106 – soit 47 tessons pour 2 individus. Ces fragments révèlent un mauvais état de conservation qui rend l’analyse visuelle compliquée. Toutefois,
on distingue une pâte de couleur plutôt beige claire avec un in dégraissant. quelques
fragments ont conservé un engobe de couleur lie-de-vin. Il s’agit d’une vaisselle de table
fabriquée antérieurement au sigillé sud gaulois dans la zone de Narbonne (Bram) ainsi
que dans les ateliers de la Graufesenque et Montans dans leurs premières phases de productions céramiques. L’observation de ces fragments de présigillées en mauvais état ne
permet pas d’identiier l’origine de production mais peut être associée aux productions
fabriquées aux alentours du ier siècle a. C.
21 Le mode de comptage porte sur le nombre d’individus dénombrés sur la totalité de la fouille. Nous avons
pris en compte comme éléments caractéristiques des types d’amphores les fragments de lèvres, les anses, les
pieds et parfois la pâte.
22 Laubenheimer, 1998, p. 85-92.
23 Le NMI est le nombre moyen d’individus, c’est-à-dire une estimation quant au nombre de récipients qui ont
réellement existé.
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Le site minier antique de Mehatze
Les lampes à huile
La lampe à huile est la production la plus représentée pour le matériel céramique mis au
jour sur le site archéologique de Mehatze, 57 tessons pour 12 individus. On retrouve des
fragments de lampes dans la galerie principale, la descenderie, la tranchée d’accès S7 – us
311-312, 310 c/b, 316 –, enin dans le sondage 12 de la grande terrasse –us 103, 105, 106.
La pâte est de couleur orangée voire ocre, elle est constituée des paillettes de mica
et de grains de calcaire, le tout recouvert d’un engobe fortement altéré et présente des
traces de coup de feu.
Parmi ces 57 tessons, seulement quatre nous apportent des informations sur un type
de lampe et sur l’iconographie présente sur le médaillon.
L’un des fragments est un bec long et arrondi (photo 8) de type Loeschcke IV24, orné
de deux volutes terminées à l’extrémité
par des boutons saillants sur les lancs.
Ce type de bec est datable du dernier tiers
du ier siècle p. C.
Le second fragment est aussi un bec
mais de forme triangulaire (photo 9) de
type Loeschcke I25, orné de volute à proximité de l’oriice de la mèche qui se termine
à l’extrémité supérieure par un bouton
Photo 8.
Photo 10.
Photo 9.
24 J. Bussiere, J. C. Rivel, 2012, p. 120-126.
25 Ibid., p. 114.
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saillant prolongé par une corne sur le lanc. Le type Loeschcke I est à rapprocher de la
période augusto-tibérienne. D’autres fragments de lampe de type Loeschcke I ont été mis
au jour sur le site minier de Hayra de la commune d’Urepel, datés du iersiècle p. C.
Le troisième fragment est un morceau de médaillon de forme concave, entouré de
deux sillons concentriques bordés d’un étroit bandeau incliné vers l’intérieur. Cette
lampe semble dépourvue d’anse. Le dernier est un morceau de médaillon orné d’un
sanglier (photo 10). Le sanglier est une représentation animalière fréquente que l’on
distingue pour l’essentiel sur les monnaies et les équipements militaires en raison du
symbolisme de la force guerrière.
Les conteneurs
Les amphores
Il s’agit d’amphore à huile Dressel 20. Ces amphores sont présentes dans les sondages
de la grande terrasse, S8 et S12 – us 103 – soit 6 tessons pour 2 individus. Les amphores
Dressel 20 sont produites sur les rives du Guadalquivir pendant plus de trois siècles –
-10 a. C. jusqu’aux alentours 280 p. C. Elles ont une capacité comprise en 55 et 90 litres
et leurs pâtes se caractérisent par un dégraissant composé de grains de quartz, de micas
blanc et de calcaire. La couleur varie du blanc, au beige rosé en passant par le gris.
Existe-t-il un lien entre la présence des lampes à huile et l’utilisation de l’huile d’olive
comme source de lumière pour les travaux miniers ?
D’autres types d’amphores ont été découverts sur des sites miniers comme des amphores vinaires Pascual 1 retrouvé sur le site de Hayra.
Verre
Le sondage12 de la grande terrasse – us 102/103 – a révélé quelques fragments de
verres soit 5 fragments pour 1 individu. Il s’agit d’un verre à double paroi, verre ambré
à l’extérieur (photo 11) et verre blanc à l’intérieur (photo 12). Ce lot ne présente aucun
fragment de lèvre qui nous permettrait d’identiier la forme du récipient. Toutefois, ce
type de fabrication à double paroi est une technique recherchée voire luxueuse que l’on
retrouve sur des petits bols hémisphériques de forme AR 91/Is. 38ou AR34/Is. 1226.
Ce type de verre à double parois – verre ambré à l’extérieur et verre blanc à l’intérieur /
verre bleu à l’extérieur et verre blanc à l’intérieur – semble avoir été retrouvé et identiié
à Saint-Bertrand-de-Comminges27, daté du ier siècle p. C.
Le verre dans un contexte minier est peu répandu. Toutefois, des fragments de coupes
côtelées de couleur vert clair furent découverts en 1991 dans le site minier de Hayra/
26 S. Fünfschilling 2015, p. 302.
27 Marty, 2015, p. 305.
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Photo 11.
Teilary à Urepel28. Ce récipient en verre
destiné à la boisson est assez courant
Photo 12.
puisque l’on retrouve plusieurs exemplaires à Saint-Jean-le-Vieux dont un
fragment avec une représentation animalière d’un âne. L’ensemble des fragments de
verres trouvés sur ce site fut daté également du ier p. C.
Datation du lot céramique et du verre
Dans ce lot céramique, les marqueurs de datation sont peu nombreux. Cet ensemble
céramique est constitué de cinq types de céramiques. La céramique commune à pâte
orangée avec des paillettes micacées et des grains de calcaire semble issue de la période
lavienne. La céramique non-tournée avec des décors peignés est à rapprocher de la période augusto-tiberienne. La présigillée est un marqueur du ier siècle a. C. Les amphores
à huile de type Dressel 20 ont circulé de 10 a.C. jusqu’à 280 p.C. Enin, les deux fragments de becs provenant des lampes nous situent pour le bec triangulaire à la période
augusto-tiberienne et le bec arrondi au dernier tiers du ier siècle p.C. Le verre à double
parois quant à lui nous offre une datation au iersiècle p.C.
L’ensemble du matériel du site de Mehatze se positionne chronologiquement entre le ier
siècle a. C. et la in du ier siècle p. C. sachant que seules les amphores Dressel 20 peuvent
être tardives.
De manière générale, le matériel du site de Mehatze demeure en très mauvais état
de conservation rendant l’identiication parfois dificile. Sur le plan quantitatif, nous
avons des marqueurs chronologiques qui nous permettent de préciser des fourchettes de
datation pour les sondages et les travaux. Le matériel recueilli dans les sondages de la
grande terrasse, dans la galerie principale ainsi que dans sa zone d’entrée, enin dans la
galerie en descenderie, s’inscrit entre le ier siècle a. C. et le ier p. C.
28 E. Dupre et al., 1992/1993, p. 97.
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La céramique et le verre antique découverts sur le site minier de Mehatze constituent
un ensemble intéressant car d’ordinaire nous ne retrouvons que très peu voire pas du
tout de matériel sur ce type de site. Toutefois, le site minier de Hayra29 dans la commune d’Urepel qui se trouve à trois kilomètres à vol d’oiseau de Mehatze, présente lui
aussi un matériel abondant. Il est constitué de verre – coupe côtelée –, de lampe à huile
– fragment de lampe de type Loeschcke I – et des fragments d’amphores – Pascual 1 –,
de sigillée, céramique non-tournée et de céramique commune dont l’ensemble fut daté
du ier siècle p. C.
Ces deux ensembles nous poussent à nous interroger sur le type de population qui exploite ces mines car nous retrouvons de la sigillée à Hayra et du verre luxueux à Mehatze.
Enin, la présence d’huile en provenance de Bétique est peut-être à mettre en relation
avec les lampes à huile comme source ’éclairage.
OUTILLAGE ET INSTRUMENTUM DES TRAVAUx MINIERS
Les opérations de fouille et de prospection archéologique réalisées entre 2012 et 2015
sur la mine de Mehatze ont permis la mise au jour de plusieurs objets en fer (tabl. 1
et 2) (ig. 7 et 9). Dès l’ouverture de la galerie en travers-banc à la in de la campagne
de 2012, des fragments métalliques en relation avec des encoches de lampes ont été
repérés. Certains ont alors été prélevés tandis que d’autres, laissés en place, n’ont vu le
jour qu’en 2015. Le premier (P12), se trouvait dans une niche à lampe, dans la galerie
principale près de la descenderie. Le second (P10) a été découvert dans la descenderie,
à la verticale d’une encoche. Les éléments suivants (P32 et P33) ont été ramassés lors de
l’exploration des chantiers. Ils se trouvaient également dans des niches à lampes. Deux
autres fragments (P28 et P29) ont été prélevés dans le diverticule inférieur, l’un dans une
encoche, l’autre au sol parmi les blocs, à proximité du précédent (Parent, 2015 : p. 13).
Devant l’aspect peu signiicatif des restes ferreux, déformés et recouverts par la corrosion, parfois agglomérés avec des éléments lithiques, une campagne de radiographie a
été engagée, réalisée par Maryelle Bessou (Ingénieur d’études, PACEA) (Bessou 2015,
p. 1 à 7). D’autre part, deux pièces prenant la forme de pics ont été prélevés dans les
haldes du ilon supérieur (5073, 5074). Avant d’analyser ces artefacts, revenons sur les
hypothétiques fragments de lampes (ig. 7).
Les fragments métalliques associés aux encoches de lampe
Données descriptives
Le tableau ci-dessous résume les données de localisation et d’inventaire des éléments
en fer découverts dans ou à proximité des niches destinées à l’éclairage de la mine.
29 G. Parent, A. Beyrie, E. Kammenthaler, 2002, p. 132-133.
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Tabl. 1. Inventaire des fragments métalliques associés aux encoches de lampe.
N°
Localisation
Radiographie
Description (mm)
P10
Descenderie
«Lampe» autre, P11
Fragment courbe (L. 31 ; l. 20 ; ép. 2 à 12)
P12
Carrefour avec descenderie
«Lampe» 5
Fragment courbe (l. min. 25 ; l. max. 31 ; ép. 3)
P28
Diverticule chantier inférieur
«Lampe» 3
Fragment informe
P29
Diverticule chantier inférieur
«Lampe» 4
Fragment de corrosion «leur de rouille»
P32
Chantier inférieur
«Lampe» 2
Fragment informe
P33
Chantier supérieur
«Lampe» 1
Fragment informe
Figure 7.
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Les six fragments présentent des boursoulures, des eflorescences et des gouttelettes
traduisant une corrosion importante du métal, ainsi qu’un dépôt noir brillant en surface. Les restes métalliques découverts lors de l’exploration des chantiers (P32 et P33)
ainsi que l’élement P28 prélevé dans le diverticule du chantier inférieur, ont un relief
anarchique et sont totalement informes, constat que conirme par ailleurs la radiographie de ces objets, notamment dans le cas de la «lampe 1», avec une trame très hétérogène (Bessou 2015, p. 5-6). Le fragment P29, dont la forme générale évoque dans
un premier temps celle d’une petite coupelle d’environ 20 mm de diamètre, n’est autre
qu’un reste de boursoulure ou de «leur de rouille». Seuls les deux éléments découverts
dans la descenderie (P10 et P12) semblent conserver par endroits leur épaisseur d’origine et présentent, d’autre part, une nette courbure (ig. 7).
Données typologiques
Au cours des deux premiers siècles de notre ère, les lampes en fer semblent moins répandues que les exemplaires en céramique. En effet, les spécimens antiques sont rares,
sans doute en raison d’un problème de conservation, la faible épaisseur du métal pouvant rendre l’objet plus sensible à la corrosion. Pourtant, en dehors des lampes en céramique ou en bronze, quelques modèles en fer offrent des critères de comparaison.
Le British Museum conserve deux exemplaires comprenant un bord plus ou moins
vertical peu élevé et disposant à l’arrière d’une tige perpendiculaire permettant une
suspension axiale. Ces lampes, qui prennent la forme d’un 8, sont des modèles ouverts.
Elles ont été découvertes en association avec de la céramique du milieu du IIe s. apr.
J-C. (Manning 1985, pl. 44, P4-P5 ; Bailey 1996, pl. 65, q3754) (ig. 8a). Le type
semble aussi connu dès le Ier s. apr. J-C. sur le camp d’Oedenburg à Biesheim (HautRhin)30 et se retrouve sur le Fort de Newstead (Trimontium, écosse) (Curle 1911, pl.
79, n° 6-7) en contexte lavien31 (ig. 8b). dans les provinces du nord, et en particulier
dans le royaume-uni actuel, l’etude de la répartition du modele à suspension, «hanging
lamp», montre une concentration dans le sud-est de l’Angleterre. La grande majorité
des découvertes est issue de sites funéraires, en milieu rural, appartenant à une chronologie de la in du ier s. apr. J-C. jusqu’aux dernières décennies du iie s. apr. J-C. (Eckardt 2002, p. 138-141).
Un second type de lampe en fer peut-être recensé. Prenant la forme de petites coupelles
(env. 80 mm), ces modèles disposent d’un manche court rubané à terminaison en crochet,
perpendiculaire à une vasque circulaire peu profonde (20 à 30 mm) (ig. 8c). Le type, dont
la diffusion et l’utilisation est bien cernée, se rencontre entre le milieu du iiie et le premier
tiers du ve s. apr. J.-C. (Gilles, Feugère, 2016 ; Manniez, 2005). Le modèle est particulièrement fréquent dans les contextes funéraires de la Gaule du sud mais se retrouve également
sur des sites d’habitats en d’autres points de la Gaule (Gilles, Feugère, 2016).
30 A. Gilles ; M. Feugère ; coll. A. Berthon, 2016, artefacts : LMP-42049.
31 Pour plus de références : voir Manning 1985, p. 99-100, P5 ; Schaltenbrand-Obrecht 1991, p. 173-174 ;
Schaltenbrand-Obrecht 1996, p. 165-166.
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Figure 8.
Pourtant, la chrono-typologie des lampes en fer reste malaisée. En l’absence d’un
contexte bien daté, il est dificile d’attribuer une datation aux exemplaires dépourvus de
contexte stratigraphique. En effet, si quelques formes pourraient être plus tardives, et ne
semblent voir le jour qu’au cours du Moyen-Âge, comme le modèle en tôle pliée à quatre
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becs (Demians d’Archimbaud 1980, p. 477, ig. 454/2), d’autres s’inspirent largement du
modèle antique à coupelle circulaire basse et bec supportant la mèche (ig. 8d), et restent
employées jusqu’au xixe siècle (calel de Provence).
S’il n’existe aucun critère déterminant conservé sur les fragments de Mehatze, leur
contexte de découverte plaide en faveur de leur identiication. En effet, quatre des six
fragments ont été prélevés dans des encoches de lampes. On pourra toutefois s’interroger
sur la forme originelle des modèles découverts, à savoir la présence ou non d’un crochet
de suspension et d’un couvercle associé. Sans suspension, la stabilité du dispositif à coupelle convexe pose question, à moins qu’il ne s’agisse d’un récipient à fond plat destiné à
être posé sur le replat de l’encoche.
Les fragments métalliques associés aux haldes supérieures
Données descriptives
Le tableau ci-dessous résume les données de localisation et d’inventaire des éléments
en fer découverts dans les haldes du ilon supérieur.
Tabl. 2. Inventaire des fragments métalliques associés aux haldes supérieures.
Nº
Localisation
Description (mm)
5074
Haldes des ouvrages d’accès
Fragment pyramidal à pointe vive (L. 39 ; l. 24 ; ép. 24)
5073
Haldes des ouvrages d’accès
Fragment pyramidal à pointe émoussée (L. 39 ; l. 21 ; ép. 16)
Les deux fragments se présentent sous la forme de pyramides d’une longueur de
39 mm pour une largeur maximale de 24 mm. Ils correspondent, selon toute vraisemblance, à des fragments de pointes d’outils (ig. 9d et 9e).
Données typologiques
La section carrée de ces pointes rappelle l’extrémité des pics destinés au travail
de la pierre. Ces derniers comportent, à l’opposé du manche, une table de marteau
(têtu-pic) ou un tranchant (pic-taillant) (Duvauchelle 2005, p. 61-62, pl. 28, n°147149). En contexte minier, on distingue les pic-marteaux des pics simples, des pics
doubles, des pointerolles et des coins (Domergue 1990, p. 402-407). On pourra
citer, à titre de comparaisons régionales, les outils découverts dans les mines d’Arditurri (Oiartzun, Gipuzkoa), d’Ithurustegi (Baigorri) et de Banca, qui, bien que
de modules et de coniguration différents, sont dotés d’une extrémité en pic (ig. 9)
(Parent , 2011 : p. 9-11).
Si la découverte de fragments de pics en contexte minier est monnaie courante, l’utilisation de modèles en fer pour l’éclairage des galeries semble plus anecdotique et soulève
quelques interrogations. En effet, l’eficacité des lampes en fer, dépourvues de couvercle, peut être limitée par l’accumulation de poussière dans le récipient. Par ailleurs,
elles peuvent être aussi bien employées avec de l’huile qu’avec du suif, soit des graisses
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animales. La découverte de ces fragments permet ainsi, plus largement, d’ouvrir le débat sur le thème de l’approvisionnement du chantier et des circuits économiques associés. Peut-être faut-il voir, dans cette utilisation, une question d’ordre pratique, la fourniture de lampes en fer étant plus aisée que l’importation de modèles en céramique ? Il
faut ainsi espérer que les découvertes futures permettront d’élargir nos connaissances
et d’agrémenter nos débats sur la culture matérielle, la production et le commerce des
métaux de part et d’autre des Pyrénées.
INTERPRéTATION DES RéSULTATS
La seule période d’exploitation reconnue avec certitude correspond à l’Antiquité.
Contrairement aux autres sites de la vallée de Baïgorry et de ses alentours, aucune reprise moderne n’a été décelée. Seuls les vestiges d’un poteau de soutènement, à l’entrée
de la mine, datés par dendrochronologie de 1742 ou peu après, témoignent d’une pénétration à cette époque. On songe cependant à une simple reconnaissance sans suite,
conirmée par l’absence de mention du site dans l’abondante documentation du xviiie
siècle. Deux raisons peuvent expliquer ce désintérêt : la première serait la découverte
en 1742 du ilon prometteur des Trois Rois près de la Nive à Banca, après deux ans de
déblayage des galeries, et la concentration des efforts sur cette ressource. Un éventuel
appauvrissement en cuivre du ilon de Mehatze en profondeur, au proit du minerai
de fer, caractéristique très fréquente dans la région et dont se plaignait l’exploitant,
pourrait constituer la seconde raison, après un diagnostic des anciens travaux par les
mineurs germaniques.
Pour l’Antiquité, les indices ne manquent pas et convergent vers une exploitation précoce et relativement courte, au ier siècle après J.-C., initiée dès la in du ier siècle avant
J.-C. Les tessons de céramique trouvés dans la fouille de la zone d’entrée autant que
dans la mine, puis dans les sondages de la grande terrasse, les datations radiocarbone,
enin la typologie des galeries, forment un faisceau d’indices et de preuves incontestable. Notons que les datations concordent avec celles obtenues dans le site de Hayra à
Urepel32. Ce constat semble s’opposer à la longévité relative des travaux romains près
du bourg de Banca, dont les indices d’activités se répartissent de la in du ier siècle avant
J.-C. jusqu’au début du ive siècle après J.-C33.
32 E. Dupre et al., 1992/1993.
33 B. Ancel et al., 2001 et G. Parent, 2010.
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Figure 9.
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En ce qui concerne la question du métal recherché à Mehatze au cours de l’Antiquité, face à l’hypothèse de l’exploitation pour cuivre, plausible par la présence
de chalcopyrite, celle de la quête du minerai de fer demeure moins évidente : les
recherches locales antérieures ont permis de constater, dans le cadre de l’exploitation de ce métal, la proximité des ateliers de réductions ou ferriers, avec les zones
d’extraction. Or ces indices, ordinairement très visibles, n’ont pas été pour l’instant
découverts, absence que n’a pas démenti la prospection magnétique. La présence de
céramique sigillée et surtout du verre in, plaiderait encore en faveur d’une exploitation du cuivre : ce type de mobilier, présent aussi dans le site d’exploitation de minerais non ferreux de Hayra, n’a pas été rencontré pour l’instant dans les ateliers de
réduction du fer étudiés dans la région34.
Les deux datations relatives à l’époque médiévale posent question : la première, désignant le xiie siècle, est incertaine dans la mesure où il peut s’agir d’une torche ou
d’un foyer de bergers s’abritant des intempéries dans les travaux « en grotte » au bout
de la grande terrasse. La seconde datation, obtenue dans les unités stratigraphiques
supérieures de la fouille de l’entrée, conirmée par une nouvelle datation, paraîtrait
plus pertinente car les charbons sont issus d’une couche comportant des plaquettes de
quartzite caractéristiques de l’abattage par le feu. Désignant le xiiie siècle, il faudrait
admettre une marge d’erreur d’un siècle pour la lier à la recherche référencée des non
ferreux en Navarre, ou bien avec le démarrage des forges hydrauliques en Valcarlos,
en admettant dans ce cas une recherche du fer. Si l’on juge cet écart plausible, il reste
que ces indices ne sauraient se rapporter à autre chose qu’une bien timide évaluation :
comment imaginer en effet qu’une reprise tangible de l’exploitation n’ait pas anéanti les
vestiges de l’échelle du ier siècle qui jonchaient le sol du chantier inférieur, à l’aplomb du
débouché de la galerie ?
En guise de conclusion, soulignons que le site minier de Mehatze constitue un terrain
de recherche particulièrement intéressant concernant la période antique, par l’absence
de reprise moderne qui partout ailleurs dans la région a bouleversé les ouvrages antérieurs. Les plates-formes, qui accueillirent à l’extérieur des activités restant à découvrir
et à étudier, n’ont semble-t-il pas non plus connu de réutilisation après le ier siècle. Enin
l’hypothèse de travaux sur l’afleurement du ilon, hérités de temps plus anciens, doit
aussi guider l’un des axes d’investigation qu’offre cette vieille exploitation minière.
34 A. Beyrie, 2003, p. 208.
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Trabajos de Arqueología Navarra (TAN), 28, 2016, 157-196
ISSN: 0211-5174
ISSN-e: 2530-5816
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Le site minier antique de Mehatze
RéSUMé
La site minier antique de Mehatze
Le site minier de Mehatze se trouve sur la ligne de crête séparant le Valcarlos navarrais de la vallée bas-navarraise de Baïgorry. Les travaux miniers ont été identiiés récemment, tandis que les archives demeurent muettes à son sujet. Les recherches menées
depuis quelques années ont dévoilé son exploitation au tout début de notre ère, à la recherche probable de minerai de cuivre dans un ilon polymétallique. Contrairement aux
autres sites de la région, aucune reprise moderne n’est venue bouleverser ces ouvrages,
semble-t-il abandonnés depuis l’Antiquité.
Mots clé : mine ; Antiquité; cuivre ; Valcarlos ; Vallée de Baïgorry ; Aldudes.
RESUMEN
El yacimiento minero de Mehatze
El yacimiento minero de Mehatze se encuentra en la línea de cresta que separa el
Valcarlos navarro del valle bajo de Baigorri. Los trabajos mineros han sido identiicados recientemente mientras que los archivos permanecen en blanco sobre el tema. Las
investigaciones llevadas a cabo desde hace años revelan su explotación a principios de
nuestra era en busca de mineral de cobre en veta polimetálica. A diferencia de los demás
yacimientos de la región, ninguna actividad moderna ha destruido este emplazamiento
que aparece abandonado desde la Antigüedad.
Palabras clave: mina; Antigüedad; cobre; Valcarlos; Valle de Baigorri; Aldudes.
LABURPENA
Mehatzeko meatzaritzako aztarnategia
Mehatzeko meatzaritzako aztarnategia Luzaideren eta Baigorriko behe ibarraren arteko gailurraren lerroan dago. Meatzaritza lan horiek berriki hauteman dira eta artxiboetan ez da deus ere ageri gaiari buruz. Urtetan egindako ikerlanek agerian jarri dute
gure aroaren hasmentan ustiatu zela kobrea bilatzeko zain polimetalikoan. Eskualdeko
gainerako aztarnategietan ez bezala, inongo jarduera modernok ez du kokagunea suntsitu, Antzinarotik baitago abandonaturik.
Gako hitzak: meatzea; Antzinaroa; kobrea; Luzaide; Baigorriko ibarra; Aldude.
Trabajos de Arqueología Navarra (TAN), 28, 2016, 157-196
ISSN: 0211-5174
ISSN-e: 2530-5816
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Gilles Parent, Audrey Duren, Fanny Larre
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ABSTRACT
The Mehatze mining site
The Mehatze mining site is located on the ridge which separates Valcarlos, in Navarre, from the lower Valley of Baigorri. The mining operations were identiied recently,
but the archives remain blank on the subject. The investigations conducted over many
years indicate that a polymetallic vein was mined in search of copper mineral at the
beginning of our era. Unlike the other sites in the region, no modern-day activity has
destroyed the site, which, it would appear, has not been used since Antiquity.
Keywords: mine; Antiquity; copper; Valcarlos; Valley of Baigorri; Aldudes.
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Trabajos de Arqueología Navarra (TAN), 28, 2016, 157-196
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